Si l’essor de l’implantologie a vraiment débuté il y a vingt ou trente ans, la discipline elle- même a quand même plus d’un demi-siècle d’histoire. A ses balbutiements, l’implant était placé dans l’os et était mis en charge immédiatement par l’intermédiaire d’une prothèse qui prenait appui sur lui . Cela signifie qu’il s’écoulait très peu de temps, quelques jours ou quelques semaines au plus, avant que l’implant subisse les forces de mastication. Sollicité par des pressions énormes, les implants supportaient rarement le baptême du feu et les succès étaient plus rares que les échecs.
Puis, le Suédois Branemark a mis au point une théorie selon laquelle il était indispensable de laisser reposer l’implant vissé dans l’os pendant six mois au moins pour permettre son ostéo-intégration. Cela signifiait que pendant ce délai, l’os autour de l’implant, racine artificielle par définition, devait développer un ancrage,un arrimage de l’implant, pour que celui-ci se comporte comme une racine naturelle. Force fut de constater que le pourcentage des succès grimpa en flèche au point qu’on se mit à considérer que l’ostéo-intégration comme un principe religieux sans lequel nulle messe implantaire n’aurait pu être récitée.
Aujourd’hui, quelques personnalités du monde de l’implantologie remettent en cause le dogme de la nécessité du repos absolu pendant l’ostéo-intégration. Ils attribuent les taux de réussite impressionnants de la technique développée par Branemark à l’amélioration des matériaux, en particulier au titane, et à une meilleure maîtrise des techniques opératoires et non pas à la mise en nourrice de l’implant. Comme il y a cinquante ans, ces implantologues mettent en charge immédiatement ou presque les implants posés qui d’emblée rentrent en fonction. Leurs succès sont aussi fréquents que dans la technique de “mise en nourrice”, même s’ils reconnaissent qu’ils ne peuvent traiter tous les cas en utilisant leur méthode.